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558 MEMOIRES DB PIERRE DE L'ESTOILE.
ment la ville de Meaux, au cas qu'il prist le parti dd roi de Navarre, ce neantmoins au prejudice de sa foi et de son serment, il l'auroit rendue laschement audit Roy : ledit Victri se sentant pressé par l'autre, qui lui insistoit fort là dessus, lui va dire enfin en ces termes : « Vous me pressez trop, et me ferés parler à la fin en « soldat. Je vous demande : Si un larron ayant volé une « bourse me l'avoit baillée en garde; puis en recon-tt gnoissant le vrai proprietaire, je lui rendois ladite <c bourse comme à lui appartenant, et refusois de Ia « rendre à l'autre comme ni aiant rien : aurois-je fait-ce à vostre avis, acte meschaiit et de trahison? Ainsi en «c est-il de la ville de Meaux, que j'avois en garde : je a l'ai rendue au vrai proprietaire, auquel j'avois le a premier serment. » -
Ce matin, au Roy estant encores dans son lit à Saint-Denis, lui fust menée une bourgeoise toute masquée, partie exprés de Paris le jour de devant pour lui parler, et donner advis de plusieurs affaires et menées d'importance qui se prattiquoieutdans la ville pour son service. Elle parla au Roy prés de trois quarts d'heure, sous la courtine de son lit; à laquelle Sa Majesté tinst • ces propos entre autres, que j'ai appris de sa bouche, et d'un autre qui n'en estoit pas loin :
« Vous dires à mes bons serviteurs de Paris qu'ils ne « se lassent point de bien faire; que pour moiennertous-« jours et faciliter leurs entreprises (desquelles toutefois « je n'espère pas beaucoup ), je me tiendrai aupres de « Paris avec mes forces, et n'en bougerai. Mais qu'ils « ne s'arrestent au duc dé Maienne : car il les trom-« pera, et moi et tout s'il peult. Je n'attends rien de « bon de lui; et pour le regard de l'intelligence dont
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